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vivre le cultivateur, et rembourser ses avances. Une seule erreur en économie politique a rendu désastreux, pour l'un de ces pays, ce qui s'est trouvé hautement avantageux dans l'autre. Le Hongrois n'a point intéressé le laboureur à sa propre industrie : en partageant la terre et les jours de travail, au lieu des fruits, il a fait son ennemi de celui qui devait être son auxiliaire. Le travail s'est fait sans ardeur et sans intelligence ; la part du maître a été bien moindre qu'elle n'aurait été dans l'autre système, et il ne la recueille qu'avec crainte. La part du paysan est si réduite, qu'il vit dans une misère constante ; et quelques-uns des plus fertiles pays de la terre demeurent condamnés depuis des siècles à un état de souffrance et d'oppression.

Cependant une première amélioration dans la condition des classes pauvres, et c'en était une sans doute que la substitution des corvées au complet esclavage, amène le plus souvent à de nouveaux perfectionnements. L'intérêt réciproque du seigneur et du vassal leur faisait désirer à tous deux une évaluation plus précise des services que le premier avait droit d'exiger du dernier. Ils furent souvent convertis en une prestation en nature, souvent en une prestation en argent. Les corvées et la capitation, dont nous parlerons dans le prochain chapitre, se