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Le servage de la glèbe a été nominalement aboli dans plusieurs des pays qui ont adopté l'exploitation par corvées ; mais, tant que ce système général d'agriculture est en vigueur, il ne peut y avoir aucune liberté pour les paysans. L'abolition de la servitude, quoiqu'elle ait donné aux vassaux des droits sur leurs personnes et les fruits de leur travail, que la loi ne reconnaissait pas auparavant, ne leur a donné presque aucun moyen de les faire valoir. Ils sont aussi constamment contrariés et découragés dans leur propre agriculture qu'auparavant. Ils travaillent tout aussi mal la terre de leur maître, ils sont tout aussi misérables dans leurs chaumières, et le seigneur, à qui l'on avait fait espérer que l'abolition de l'esclavage augmenterait son revenu, n'en a retiré aucun avantage. Il est toujours l'objet de la haine et de la défiance de ses vassaux, et l'ordre social, sans cesse menacé, ne peut être maintenu que par la violence.

La base du contrat des métayers et de l'exploitation par corvées est exactement la même. Le seigneur, en Hongrie comme en Italie, a donné sa terre à son paysan, sous condition d'obtenir, en retour de cette concession, la moitié des fruits. Dans l'un et l'autre pays, il a jugé que l'autre moitié suffirait pour faire