Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a de même accordé un certain temps par semaine pour cultiver un plantage et ainsi pourvoir à leur subsistance ; mais, avec la dureté qui caractérise toutes les lois dont les nègres sont l'objet, on les a réduits à deux jours par semaine, dont l'un devrait être le jour du repos. En Transylvanie, les serfs n'ont pour eux que deux jours ouvriers outre le dimanche.

Il s'en faut de beaucoup que l'exploitation par corvées soit une invention aussi heureuse que l'exploitation à moitié fruits. Elle a donné, il est vrai, aux paysans, un intérêt dans la vie et une sorte de propriété ; mais elle les a soumis à voir leur économie domestique à tout moment troublée par les demandes vexatoires du seigneur ou de son intendant. Le paysan ne peut pas faire une des opérations de son agriculture au jour qu'il aurait choisi ; l'ouvrage du seigneur doit toujours être fait avant le sien, les jours de pluie tombent toujours dans son partage. Il ne fait la corvée qu'avec répugnance, sans intérêt au succès de son ouvrage, sans affection et sans récompense. Il travaille aux champs du seigneur aussi mal qu'il peut le faire sans encourir la punition. L'intendant, d'autre part, réclame comme absolument nécessaire l'emploi des châtiments corporels, et ils sont abandonnés à sa discrétion.