Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

population de l'Italie n'était pas moins réduite que l'est aujourd'hui celle de l'Agro romano, et elle était en même temps descendue au dernier degré de souffrance et de misère.

La guerre servile de l'an 75 à 71 avant Jésus-Christ, fit connaître à Rome le danger de faire dépendre la subsistance de l'État d'une population qu'on réduisait en même temps à la misère et au désespoir. Pompée vainquit Spartacus; mais un nombre prodigieux d'esclaves fut détruit, et les maîtres effrayés préférèrent renoncer à une partie de leurs récoltes, pour ne pas augmenter dans leurs champs le nombre de leurs ennemis. La culture du blé fut presque abandonnée en Italie, et Rome compta, pour sa subsistance, sur les moissons de l'Afrique et de l'Égypte. D'ailleurs, on avait éprouvé à Rome, comme dans le golfe du Mexique, que la culture servile ne peut pas se maintenir sans la traite. Les travaux forcés, la mauvaise nourriture, les supplices, l'oppression de tout genre, détruisaient rapidement la population réduite en esclavage. Tant que les armes de l'empire furent prospérantes, ce furent les légions romaines qui firent la traite. On peut voir, dans les Commentaires de César, combien souvent ce conquérant condamnait les nations vaincues tout entières à être ven-