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sance, avec leurs troupeaux, sur le terrain qui avait nourri tout un peuple[1].

L'on a vu quelques parties de l'Europe civilisée retourner de même à la vie pastorale, sans faire, il est vrai, massacrer au préalable les habitants, mais en les exposant à mourir de faim. Au retour de Ferdinand dans son royaume de Naples, il apprit que la vaste province connue sous le nom de Tavoliere di Puglia, qui depuis trois siècles était déserte et condamnée au pâturage, avait été mise en culture par son prédécesseur ; et que la propriété territoriale, qui, d'après l'ancien usage, était sous les Bourbons tirée au sort chaque année, avait été concédée en bail emphytéotique sous Murat. Dans son horreur pour toute innovation, il a prohibé la culture qu'on venait d'y introduire, il a interdit l'emploi d'une charrue dont le soc fût assez long pour déraciner les mauvaises herbes, et il a contraint les propriétaires à consacrer de nouveau leurs terres au pâturage, quoiqu'il fût moins profitable même pour eux.

Ce n’est pas par une autorité supérieure, c'est pour le profit des propriétaires, et par l'abus du droit de propriété, que le nord de l'Écosse a vu presque tous ses habitants chassés de

  1. D'Herbelot, Bibliothéque orientale, pag. 380-381.