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numéraire, il fallait une rencontre heureuse de convenances pour qu'un échange pût prendre place. Il n'y eut presque plus, après son invention, d'acheteur qui ne trouvât un vendeur, ou de vendeur qui ne trouvât un acheteur.

Toutes les opérations dont nous avons rendu compte dans les chapitres précédents, et qui constituent le progrès des richesses dans la société, furent simplifiées par l'introduction du numéraire dans les échanges ; mais, comme d'autre part il doubla le nombre de tous les contrats, elles furent moins faciles à saisir pour l'observateur. L'opération créatrice de la richesse, nous l'avons vu, est l'échange d'une partie de la production consommable, annuelle, qui forme le capital des riches, contre le travail qui forme le revenu des pauvres. Mais cette opération se partage en un grand nombre de contrats, et s'exprime par autant de différentes sommes d'argent. Les producteurs vendirent la production de l'année, et sur son montant ils évaluèrent en argent leur revenu d'une part, leur capital de l'autre. Avec le revenu, ils achetèrent les objets dont ils avaient besoin ou envie pour leur consommation : ce fut leur dépense ; et par ces deux contrats, l'échange fut accompli. Avec leur capital, ils achetèrent le revenu en travail qu'avaient à vendre.