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fectionnée, un commerce prospérant, des manufactures qui multiplient sans cesse tous les produits de l’industrie humaine, et un gouvernement qui dispose de trésors presque inépuisables, comme en Angleterre, ils appellent opulente la nation qui possède toutes ces choses, sans s’arrêter à examiner si tous ceux qui travaillent de leurs bras, tous ceux qui créent cette richesse ne sont pas réduits au plus étroit nécessaire, si le dixième d’entre eux ne recourt pas chaque année à la charité publique, et si les trois cinquièmes des individus de la nation qu’ils appellent riche, ne sont pas exposés à plus de privations qu’une égale proportion d’individus dans la nation qu’ils appellent pauvre.

L’association des hommes en corps politique n’a pu avoir lieu autrefois, et ne peut se maintenir encore aujourd’hui qu’en raison de l’avantage commun qu’ils en retirent. Aucun droit n’a pu s’établir entre eux s’il n’est fondé sur cette confiance qu’ils se sont réciproquement accordée, comme tendant tous au même but. L’ordre subsiste, parce que l’immense majorité de ceux qui appartiennent au corps politique, voit dans l’ordre sa sécurité ; et le gouvernement n’existe que pour procurer, au nom de tous, cet avantage commun que tous en attendent.