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cité humaine, des hommes dont toutes les facultés soient développées, dont tous les droits soient garantis, dont toutes les jouissances soient assurées.

Lorsque le législateur, au contraire, ne perd pas plus de vue le développement de quelques-uns que le bonheur de tous, lorsqu’il réussit à organiser une société dans laquelle les individus peuvent arriver à la plus haute distinction d’esprit et d’âme, comme aux jouissances les plus délicates, mais dans laquelle en même temps tout ce qui porte le caractère humain est assuré de trouver protection, instruction, développement moral et aisance physique, il a accompli sa tâche ; et sans doute c’est la plus belle que l’homme puisse se proposer sur la terre. C’est en suivant ce noble but que la science de la législation est la théorie la plus sublime de la bienfaisance. Elle soigne les hommes et comme nation, et comme individus ; elle protége ceux que l’imperfection de toutes nos institutions met hors d’état de se protéger eux-mêmes, et l’inégalité qu’elle maintient cesse d’être une injustice, car dans ceux qu’elle favorise elle prépare à toute l’espèce de nouveaux bienfaiteurs.

Mais rien n’est plus commun dans toutes les sciences politiques que de perdre de vue l’une