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revenu du pauvre est augmenté ; non seulement parce qu’il reçoit une plus grande part de subsistance en échange de son travail, mais aussi parce que ce travail qu'il donne est plus considérable. Si la population ne suffit pas pour se livrer à une augmentation de travail, la population s’accroît bientôt en raison de l'augmentation de salaire ; car il n’y a jamais que la misère qui arrête la multiplication de l'espèce humaine. Dès que la misère cesse, les enfants, qui seraient morts en bas âge, vivent pour jouir de cette nouvelle abondance ; les célibataires, qui n'auraient point eu d'enfants, se marient pour en avoir et les faire profiter de la demande de travail.

Le riche fait donc le bien du pauvre lorsqu'il épargne sur son revenu pour ajouter à son capital, car faisant lui-même le partage de la production annuelle, tout ce qu'il nomme revenu, il le garde pour le consommer lui-même ; tout ce qu'il nomme capital, il le cède au pauvre, pour que celui-ci en fasse son revenu. Mais le riche, en faisant ce partage, doit avoir une autre considération devant les yeux, celle de ne jamais encourager un travail qui n’est pas demandé ; car le produit du travail qu'il aura ordonné sans de justes motifs, ou ne se vendra pas, ou se vendra mal : alors les profits