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trée d’une maison d’assez belle apparence, sous une sorte d’auvent au-dessus duquel grinçait, suspendue à une longue tringle en fer, une de ces enseignes d’auberge dont on voit encore de nombreux spécimens dans nos villages et dans la plupart de nos petites villes.

Là il leva le heurtoir et le laissa retomber avec force, contre le bouton de la porte. La place entière retentit du coup, et cependant la maison continua à demeurer close et silencieuse.

— Ah ça ! s’écria alors notre voyageur en renouvelant ses coups de heurtoir avec une impatience manifeste, est-ce qu’on serait mort là-dedans ?… Je suis trempé comme une soupe et l’on me laisse ainsi gober le marmot… Par la mort-Dieu ! Pour peu que Catherine tarde encore à venir m’ouvrir, je veux être pendu, comme mon Lion-d’or qui se démène là-haut, si je n’enfonce pas la porte.

Mais, heureusement pour cette dernière, il n’eut pas à mettre sa menace à exécution. Au moment même où il perdait toute patience en même temps que tout espoir de se faire entendre, de faibles jets de lumière apparurent de l’intérieur, et l’on ouït une voix de femme demander :

— Qui donc vient frapper ainsi à pareille heure ? Le couvre-feu est sonné ; je suis seule et malade ; je n’ouvre à personne.

— Mais, par l’enfer ! c’est moi, Catherine.

— Qui, moi ?

— Ambroise donc… ton mari.

— Ambroise ?

— Et oui, par tous les diables ! Est-ce que tu ne reconnais plus ma voix maintenant ?

— Oh ! si ! si ! je te reconnais bien actuellement et je vais t’ouvrir tout de suite.

Et comme elle se mettait en devoir de tirer le verrou :