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L’absence, dix années passées sur les bancs des colléges et des Facultés, n’ont affaibli en rien ce sentiment.

En tous lieux et toujours l’image de Mlle Angélique est restée gravée en moi, et, si j’ai pu me préserver de certains écarts dans lesquels ne tombe que trop souvent la jeunesse livrée à elle-même, c’est en très-grande partie à la persistance de ce souvenir que je l’attribue.

Plus tard, étant allé passer quelques jours à Aix auprès de mon camarade Andronic, le hasard m’a fait me rencontrer avec votre fille, et, en la voyant si belle, si bien élevée et douée de tant de qualités charmantes, je n’ai pu me défendre d’un sentiment plus tendre.

Plusieurs fois, je suis revenu à Aix pour la voir et chaque fois, je m’en suis retourné plus passionné, plus épris.

Bref, Monsieur Ambroise, j’aime, j’adore, j’idolâtre Angélique, et je sens là que, sans elle, il m’est impossible de vivre. Aussi viens-je vous dire nettement, franchement : Monsieur Ambroise, voulez-vous me rendre le plus heureux des hommes ?

— Je ne demande pas mieux, ma fi !

— Eh bien ! accordez-moi la main de vôtre demoiselle.

— Comment ! vous, Monsieur Marcel, un médecin, un savant, vous, le fils unique d’un des plus riches commerçants de Marseille, vous songeriez à épouser notre fille ?

— C’est le plus cher de mes vœux, c’est le plus ardent de mes désirs.

— Et votre père ?

— Je suis sûr d’avance de son acquiescement.

— Et ma fille ?

— C’est elle-même qui m’a autorisé à faire cette démarche. Tenez, lisez.

Et Marcel, dépliant une lettre qu’il avait dans son