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De son côté, Catherine paraissait ne prêter aucune attention aux épanchements de Marcel et de son ami.

Elle avait rallumé les deux lampes, et, en la voyant aller et venir de la table au buffet, de la cuisine au cellier, on l’aurait dite complètement absorbée par le souci de desservir, de ranger les reliefs du repas et de mettre un peu d’ordre dans l’appartement.

Cependant, on le devine aisément, elle ne perdait pas un mot de la conversation, et, d’après les divers mouvements qui se produisaient dans sa physionomie à chacune de ses phases, il était facile de deviner que cette conversation avait pour elle un puissant intérêt, et qu’elle y prenait plus de part qu’elle ne voulait le faire paraître.

L’activité physique qu’elle déployait en ce moment n’avait d’autre but évidemment que de dissimuler son agitation morale.

Ambroise, du reste, s’en inquiétait assez peu. À cette heure, il n’avait d’yeux et d’oreilles que pour Marcel et se préoccupait exclusivement de la révélation qu’il venait de lui faire pressentir.

Aussi le trouvant trop lent au gré de son impatience, il crut devoir interrompre la courte méditation à laquelle le jeune homme paraissait se livrer, pour lui dire :

— Eh bien ! Monsieur Marcel, je vous écoute.

— Monsieur Ambroise, dit alors ce dernier avec une émotion qu’il cherchait vainement à dominer, pendant que j’étais enfant, j’avais, si vous ne l’avez pas oublié, la plus vive affection pour votre demoiselle.