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Il en enleva immédiatement une cuisse, l’examina, la flaira et la montrant au bout de la fourchette :

— Un vrai dindon, ma fi !… et tendre… et parfumé… qu’on en jouit rien qu’à le dépecer. Mais, — ajouta-t-il, après en avoir absorbé quelques morceaux, — mais, ainsi que le dit si bien M. Andronic, la pépie vient en mangeant. Et le vin ?

— Fichtre ! s’écria Andronic en s’emparant comme lui d’un pichet et en se levant pour aller le remplir.

Mais Marcel les arrêtant du geste :

— Inutile, mes amis, inutile !… Satan fait trop bien les choses pour avoir oublié l’essentiel. Revenez au four et passez-en de nouveau l’inspection.

Ambroise, éclairé par Andronic, se hâta de faire ce que Marcel conseillait, et presque aussitôt on le vit se retourner vers la table, la figure épanouie et une vieille bouteille à chaque main.

— Oui, oui ! voilà bien, s’écria-t-il, des bouteilles cachetées et poudrées à frimas comme des marquises !… On dirait, ma fi ! mon vin du Rhône.

Il en déboucha une en même temps et, après l’avoir dégustée :

— Oh ! oh ! fit-il en faisant claquer sa langue, c’est bien du vin du Rhône, en effet, mais plus vieux et meilleur que le mien, sans contredit. Crâne vin, va !… Ça réveillerait un mort si seulement il pouvait y goûter !… Dégustez-moi ça, Messieurs, et vous m’en direz des nouvelles.


VI. — Où il prend fantaisie à Ambroise de voir le diable et où Marcel le lui montre.


En parlant ainsi, Ambroise avait versé rasade à chacun, achevé son verre et s’en était versé un second en disant :

— Décidément, ça me rapatrie un peu avec Sa Majesté