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— Un poisson !… continua Andronic. C’est encore mieux, par ma foi ! que dans la pêche miraculeuse. Celui-ci au moins me semble cuit au point.

— Un pâté de foie gras, des olives, des anchois… ajouta Ambroise de plus en plus émerveillé.

— Ciel !… cria encore Andronic, un dindonneau rôti et doré sur tranche comme un bréviaire !… Et moi qui les adore ? — les dindonneaux j’entends. — Mais, cordieu ! c’est un repas de chanoine que Satan nous a préparé là !… Il n’y manque plus que la salade et le dessert.

— Mais ça y est, Monsieur Andronic, ça y est. Voyez plutôt.

Et en disant cela, Ambroise déposait dessert et salade sur la table. Mais alors une réflexion subite sembla traverser son esprit.

— C’est singulier, dit-il, en regardant fixement, non les mets, mais leurs contenants, plus j’examine cette vaisselle et plus je trouve qu’elle ressemble à la mienne… On dirait ces plats-là sortis de mon vaisselier.

Et il leva les yeux vers le dressoir où l’on pouvait remarquer plusieurs vides.

— Mais, oui, Monsieur Ambroise, vous ne vous méprenez nullement, — s’empressa de répliquer Marcel, qui avait suivi la direction de son regard, — oui, oui, Satan s’est servi de vos plats, et il avait de bonnes raisons pour cela. Il a craint de nous griller les doigts avec les siens.

— Ah ! je comprends… murmura Ambroise avec une certaine hésitation.