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L’incantation terminée, Marcel se rassit, resta quelques instants recueilli et les yeux fixés dans le vague comme s’il regardait ou s’il écoutait quelque chose qui devait échapper à la vue ou à l’ouïe des autres convives. Puis il se leva brusquement et s’écria en étendant les bras :

— C’est fait, Messieurs, c’est fait !

À ce mot proféré d’une voix ferme et d’un air prophétique, chacun éprouva une sorte de commotion. Ambroise tressaillit, Catherine frissonna et Andronic lui-même témoigna d’une certaine agitation ; mais tout le monde demeura muet et personne ne bougea. Mais à la fin, Audronic plus hardi rompit ainsi le silence.

— Comment, fait ?… Et il n’y a rien sur la table !…

Marcel sourit et se contenta de répondre :

— N’ai-je pas recommandé au diable de ne pas se montrer ?

— Mais alors ?…

— Que dit l’Écriture ?

— Cherchez et vous trouverez.

— Cherchez donc.

— C’est juste, dit Andronic.

— C’est juste, répéta Ambroise à son tour.

Et aussitôt chacun d’eux se mit à fureter à droite, à gauche, dans le buffet, dans l’armoire, sur les étagères, sous l’évier et sous la table même, tandis que Catherine, de son côté, s’empressait d’aller regarder sous le lit et derrière les rideaux. Mais ces diverses recherches étant restées sans résultat, chacun se tourna vers Marcel en disant :

— Rien ! rien !

— Ah ça, demanda Andronic d’un ton ironique, est-ce qu’il voudrait nous faire poser, ton Belzébuth ?

— Ah bah ! répliqua Ambroise que l’insuccès de révocation semblait avoir tout-à-fait rassuré, c’est M. Teinturier qui a tout simplement voulu se gausser de nous.

— Satan n’aime pas les mauvaises plaisanteries et je ne saurais pour ma part les supporter. Cherchez donc mieux et vous trouverez.

Jacques SINCÈRE.
(La suite au prochain numéro.)