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— Vraiment. Vous savez déjà qu’il à du pain sur la planche, le gaillard.

— Sans doute, mais…

— Mais cela conduit à inférer qu’il n’a étudié la médecine que pour avoir le droit d’accoler à son nom le titre de docteur, à moins que ce ne soit pour se fortifier encore davantage dans la science à laquelle il s’est adonné avec tant de passion depuis quelques années, et dont l’art de tuer son homme en vertu d’un diplôme ne lui fera jamais sans doute abandonner le culte.

— Et cette science, c’est ?…

— La cabale, Monsieur Ambroise, la cabale !

— La cabale ?…

— Autrement dit la magie, l’alchimie, l’astrologie, la démonologie… Bref, ce qu’on appelle vulgairement la sorcellerie.

— Ciel ! s’exclama Catherine visiblement effrayée, tandis que son mari s’écriait :

— Comment ! comment ! avec sa fortune, Monsieur Teinturier irait, de gaîté de cœur, donner son âme au diable ?

— N’en croyez rien, je vous en prie, s’empressa de dire Marcel, comprenant la nécessité de rassurer ses hôtes. La science que je cultive est tout-à-fait l’opposé de ce qu’on suppose généralement. Elle nous soumet les puissances du mal et ne nous fait nullement ses esclaves.

— En d’autres termes, — ajouta Andronic, répondant plus directement à la pensée d’Ambroise et de Catherine et donnant en même temps plus de clarté à celle de Marcel, — en d’autres termes, cette science fait de ceux qui la possèdent les maîtres de Satan et non pas : ses serviteurs.

— Ah ! proféra Ambroise avec une sorte de soulagement, votre explication me tranquillise un peu, quoique, à vrai dire, je n’y comprenne pas grand’chose. Reste à savoir maintenant si la science dont vous parlez est réellement de force à vous donner le pouvoir surnaturel que vous venez d’indiquer. Est-ce que M. Teinturier a déjà fait quelques progrès ?