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Il est difficile de le savoir, car au moment où il répétait pour la troisième fois le dernier mot de sa phrase, un bruit à peine perceptible, mais suffisant cependant pour détourner le cours de ses réflexions, se fit entendre à l’étage supérieur, et vint subitement attirer son attention.

Il regarda sa femme d’un air où se peignaient à la fois l’étonnement et la défiance et s’écria :

— Hein !… Qu’est-ce donc qu’il y a là-haut ?

Puis, sans attendre sa réponse, il saisit son fouet, s’élança vers la porte de l’escalier conduisant au premier étage, et en avait déjà tiré les verrous, lorsque Catherine l’arrêtant par le bras :

— Ah ! j’avais oublié, dit-elle, ou plutôt je n’avais pas eu le te temps de t’en avertir. Ce sont deux étudiants qui vont apparemment passer leurs vacances dans leur famille et qui voyagent à pied afin de mieux voir le pays.

— Eh bien !…

— Eh bien, ils se rendent à Marseille, m’ont-ils dit, mais surpris en chemin par l’abominable temps dont tu viens d’avoir si fort à souffrir toi-même, ils n’ont pu continuer leur route et sont venus me prier de vouloir bien leur accorder un abri. Étant seule et malade, tu penses bien que j’ai d’abord refusé de les recevoir ; mais les pauvres garçons ont tant et tant insisté que j’ai fini par céder.

— Et tu as bien fait, morbleu !… Ils sont donc là-haut ?…

— Oui, ils sont dans la chambre que ma pauvre mère occupait. Ce n’est pas un palais, tant s’en faut ; mais, vu la circonstance, il faut bien qu’ils s’en contentent. Je n’avais pas de meilleur gîte à leur donner.

— Sans doute !… Mais au moins, les as-tu fait souper ?

— Oh ! pour ça, non !… Est-ce que j’avais quelque chose ?