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chevelure. Ils étaient longs et soyeux ; et, estompée par eux, la peau en paraissait plus mate et plus fine.

La bouche n’offrait rien de particulier ; peut-être même était-elle un peu grande, mais les lèvres en étaient bien dessinées et leur vif incarnat faisait ressortir encore davantage la blancheur des dents qui avaient conservé toute la fraîcheur de la jeunesse.

En somme, Catherine plaisait et attirait au premier coup d’œil, et si, en l’étudiant plus attentivement, on se permettait quelque réserve, c’était parce qu’on avait surpris dans le dessin un peu trop accentué du menton, dans le fréquent rapprochement du sourcil, dans le gonflement subit des ailes du nez, ainsi que dans l’acuité du regard et dans la manière d’être habituelle de toute la personne, des signes non équivoques d’une tendance prononcée vers deux défauts qui semblent devoir s’exclure, et que, néanmoins on trouve fréquemment réunis : l’opiniâtreté et la coquetterie.

Catherine, comme les neuf dixièmes des femmes de ce temps, n’avait reçu aucune espèce d’instruction, mais elle avait un esprit naturel qui souvent lui avait fait regretter qu’on l’eût laissé inculte.

Aussi, une fois mère, elle avait tellement chapitré son mari sur la façon dont sa fille devait être élevée, que ce dernier s’était dessaisi de tout pouvoir sur ce point, et que l’enfant avait reçu la meilleure éducation qu’on pût acquérir à cette époque.

La mère en était fière doublement, car sa fille était ainsi deux fois son ouvrage ; et, disons vite qu’Ambroise, qui d’abord s’était un peu fait tirer l’oreille sur l’article des dépenses, était encore plus fier que Catherine du résultat obtenu.