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Les Russes aux Portes de l’Inde.

dans leurs montagnes de l’Oural et du Caucase.

La Russie, de son côté, ne pouvait se défendre d’un mouvement de crainte. La mise en discussion et en doute de son invincibilité, jusqu’alors universellement reconnue et redoutée en Asie, devait nécessairement stimuler l’audace et les agressions de ces alamantschki (pillards), dont les déprédations avaient, depuis un temps immémorial, répandu la terreur dans le Khorassan et dans tout le Pays transcaspien. Aussi pour tous les généraux russes qui envisageaient la situation froidement, était-il indiscutable que si l’on ne parvenait pas à prendre immédiatement une revanche décisive, si Géok-Tépé ne tombait pas sans délai aux mains des Russes, c’en était fait de Krasnovodsk, de Tchikishlar, de l’empire du tsar dans l’Asie centrale[1].

Géok-Tépé.

Un homme se rencontra, qui réunissait toutes les conditions pour rétablir la fortune en péril de la Russie, et, par un coup d’éclat, rendit aux armes impériales, dont la gloire venait d’être obscurcie, toute leur splendeur : ce fut Skobeleff. Il avait la fougue irrésistible qui passionne les soldats ; le regard intrépide mais sûr, qui, en affrontant l’obstacle, le mesure ; la trempe de génie des grands capitaines qui savent, dans le même instant, voir et vaincre. Chef du parti de la guerre en Russie, il s’était fait, par ses

  1. Gén. Annenkoff, ouvr. cité.