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Les Russes aux Portes de l’Inde.

étaient régulièrement pillées ou rançonnées. Le commerce russe souffrait nécessairement de cet état de choses, et le prétexte plausible était tout prêt à Saint-Pétersbourg pour légitimer un mouvement en avant dans les khanats indépendants.

Les khans, principalement ceux de Bokhara et de Khiva, encourageaient d’ailleurs les hostilités, les raids et les déprédations de la Petite Horde. Ils avaient vu, de 1716 à 1719, la ligne de l’Irtysch se jalonner et peu à peu se construire définitivement, et quoique l’expédition prétendûment scientifique dirigée par le prince Bekowitsch eût abouti, en 1717, à un désastre pour les Russes, dans les khanats on gardait mémoire de cette tentative avortée de Pierre le Grand, et l’on savait d’avance que, tôt ou tard, ses successeurs essaieraient de la renouveler. D’autre part, on n’ignorait point que la Russie épiait de Semipalatinsk le Turkestan encore libre de tout joug étranger. Le jour où elle poussa son bras droit jusqu’à l’Aral, on s’émut dans la steppe tourkmène comme on s’émeut actuellement dans l’Inde. Bientôt on comprit qu’il y avait à choisir entre deux partis : ou bien laisser le flot de l’invasion s’avancer impunément, ou bien l’endiguer, et l’on reconnut aussitôt que l’on ne pouvait se décider que pour la seconde alternative.

Vers 1834, la Russie transforma la vassalité des Khirgiz du nord en sujétion. Les Khirgiz indépendants, secondés par le khan de Khiva, n’en poursuivirent pas moins leurs attaques contre la nouvelle colonie russe. Pour y mettre un terme, Nicolas ordonna en 1839 au général Perowski de franchir la fron-