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à la vue de ces prodiges, s’il était écrit que son cœur demeurerait à tout jamais rebelle et endurci ? On ne voudrait certes pas que de semblables non-sens se trouvent dans les pages toujours si pleines de raison et de logique de la Bible. Que sur ce point une expression quelque peu équivoque s’y rencontre, nous n’hésitons pas à dire que, de même que les anthropomorphismes de la Bible, il faut l’interpréter sainement et la ramener non à la prédestination, mais à la prescience divine. Ainsi, il est clair pour nous, et cela ressort de l’ensemble des enseignements contenus tant dans la partie historique que dans la partie dogmatique des Livres Saints, il est clair qu’au sujet de Pharaon, le Seigneur parlant à Moïse lui a tout simplement révélé ce qu’il savait devoir arriver : comment Pharaon demeurerait sourd à tous les avertissements et comment rien ne le ferait changer, bien qu’il pût user de sa pleine liberté pour se conformer à la volonté de Dieu. De même que David est sorti de Kegilah malgré la sombre prédiction qui lui avait été faite ou plutôt à cause de cette prédiction[1], de même Pharaon aurait pu ouvrir les yeux, reconnaître le Dieu d’Israël et s’incliner devant ses volontés. Mais le Seigneur savait qu’il persisterait dans son aveuglement, qu’il y persisterait librement, et c’est pourquoi il sera noyé dans les eaux de la mer Rouge, lui et son peuple aussi incrédule, aussi impie, aussi obstiné que lui.

Nabuchodonosor également se décide en toute liberté à envahir la Palestine et à faire de Jérusalem un monceau de ruines. Dieu prévoit cela, et il l’annonce à ses prophètes. Il dit que ce roi superbe infligera aux Hébreux des traitements qui ne seront que la juste punition de leurs constantes infidélités et, dans ce sens, il était légitime d’ajouter que le cruel conquérant était l’instru-

  1. Voyez Ier Livre de Samuel, chap. XXIII.