comme Providence générale, le monde l’avait de tout temps pressenti. Est-ce que, par exemple, le culte du feu chez les Sabéens, celui du soleil chez les Perses, le culte d’Iris et d’Osiris en Égypte, celui de Brahma dans les Indes, le culte de Cérès et de Bacchus, de Flore et de Pomone chez les Grecs et les Latins, ne trahissent pas visiblement l’idée de cette Providence générale, dont les soins incessants font produire à la terre cette riche moisson, ces fleurs et ces fruits de toutes sortes qui font la joie et les délices des mortels ? Ces peuples s’étaient grossièrement trompés. Ils avaient attribué à de vaines idoles une puissance et une intelligence qui n’appartiennent qu’à Dieu seul. Au lieu de s’élever vers le véritable dispensateur des choses, ils s’étaient arrêtés à des puissances subalternes, mais visibles ; ils avaient déifié les forces de la nature, et donné l’apothéose à des hommes et à des femmes qui leur avaient appris à tirer de la terre les trésors dont elle est si riche. Mais du fond de leur erreur, l’idée de la Providence, bien que vague et confuse encore, ne se détache-t-elle pas déjà ? Et n’était-il pas aisé de voir qu’il suffirait que ces divers peuples apprissent un jour à connaître l’inanité de leurs dieux, pour qu’aussitôt ils appliquassent au vrai Dieu toutes ces qualités de providence sous lesquelles leur apparaissaient leurs fausses divinités ?
L’histoire est là pour le confirmer au besoin. Quand le Christianisme et le Mahométisme se sont présentés aux païens les mains pleines des vérités puisées dans la Bible sur le Dieu-Providence, leur en a-t-il coûté de grands efforts pour faire accepter presque universellement l’idée du Dieu-un sous son triple caractère de Dieu bon, généreux, veillant à l’entretien de la création ? Tout à l’opposé, on était si généralement convaincu que les bienfaits répandus sur le globe n’étaient pas le produit du hasard, que l’on aurait voulu rattacher chacun de ces bienfaits