diquée à toute époque de la vie ! En continuant de faire ainsi, ils produiront un autre bien encore : ils finiront par déraciner du sein de la classe aisée le dernier germe de cette dissolution de mœurs qui a été si longtemps la plaie de la société. Il est d’un effet inévitable que, si le niveau moral du travailleur s’élève, le riche est obligé d’exhausser le sien également. A défaut du devoir, l’honneur l’y pousse. Quand les bas-fonds de la société sont couverts de la lèpre du vice, la contagion s’en répand toujours jusques dans les régions élevées. Il fut un temps, où les grands seigneurs se permettaient tout parce que le peuple croupissait dans l’ignorance et dans la dégradation morale.
Le réveil du sentiment de la dignité chez celui-ci apprit aux autres que les hautes positions où ils se trouvaient ne leur donnaient nullement le droit de laisser leur belle intelligence s’abrutir au contact du vice. Pour tout dire, en un mot, en employant une expression biblique[1] : si le riche et le pauvre se rencontrent sur le chemin de l’honneur, de la liberté et du devoir, c’est qu’ils ont reconnu l’un par l’autre que Dieu les a créés tous deux et qu’il les a revêtus d’une dignité dont il est de leur plus stricte obligation de conserver la pureté et l’éclat à travers la bonne comme la mauvaise fortune.
Or, la doctrine israélite n’a-t-elle pas mille préceptes par lesquels il est ordonné à l’homme de ne jamais compromettre sa dignité non plus que sa liberté morale au sein de la pauvreté comme au sein de la richesse ? Que de fois Moïse ne recommande-t-il pas à son peuple d’être sur ses gardes afin surtout de ne pas déchoir de son rang d’homme ! Il met alors dans tous les discours qu’il lui adresse[2] une éloquence qui porte visi-