bien là ce que l’on cherche en poursuivant l’extinction ou la diminution du paupérisme ? Ce n’est pas tant la pauvreté qui porte malheur à la classe ouvrière, que l’idée de bassesse qu’elle attache elle-même à sa position et qui traîne à sa suite tout un essaim de dégradantes habitudes. La pauvreté a également ses titres de noblesse. On s’incline volontiers devant un déshérité de la fortune qui a su tenir tête au malheur, et qui, par une activité que rien ne pouvait lasser, est parvenu à conjurer les orages d’une poignante misère. Le modeste artisan, penché sur un humble métier, courbé nuit et jour sur son travail et dont la poitrine se creuse à force d’application, s’élève, sans qu’il le soupçonne, à une gloire plus grande que celle du riche se laissant amollir par le désœuvrement que lui impose la fortune. C’est lui qu’on peut appeler le véritable représentant de Dieu sur la terre, c’est de lui qu’il faut dire qu’il est une seconde Providence, puisqu’il fournit à toute une famille son pain quotidien.
Mais comme ce prestige de la pauvreté s’efface dès que le travail par lequel elle peut ainsi s’ennoblir lui met en main des ressources d’inconduite et de débauche ! Ce n’est plus alors pour l’ouvrier un honneur de dépenser la force de ses bras à tenir le marteau, la truelle ou le ciseau, c’est presque un avilissement. Se livrer pendant une partie de la semaine à un rude labeur pour passer l’autre partie au jeu ou dans les orgies, qu’est-ce autre que s’adonner au culte du dieu-plaisir et du dieu-argent, et vendre sa liberté et sa santé pour gagner de quoi faire des libations sur leurs autels sacrilèges ? Honneur aux publicistes qui, dans ces derniers temps, ont pris à tâche de combattre ces profanations du travail et de rappeler la classe ouvrière à ses devoirs, en la rappelant au sentiment de sa dignité, laquelle est toujours imprescriptible et peut être reven-