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vécu dans cette espérance, et Daniel avait prédit qu’il viendrait un temps où ceux qui dorment dans la poussière s’éveilleraient, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour une éternelle confusion, afin de voir toujours. »

Bossuet appelle ces textes quelques étincelles ! Pour nous, ce sont des traînées de lumière.

Que conserve donc, en somme, l’inimitable apologiste du Christianisme, qui puisse servir de caractère particulier à la nouvelle révélation ? Ce n’est pas l’unité du genre humain avec sa conséquence nécessaire, la fraternité universelle ou la charité poussée à sa dernière expression ; ce ne sont pas non plus l’immortalité de l’âme, la croyance à la vie future et l’espoir en la résurrection. Ces principes et ces dogmes sont écrits sur les premières pages de la Bible, dans le récit de la création, et on les retrouve dans toute la suite de l’histoire sacrée, tantôt soutenant le courage et la piété des patriarches, tantôt inspirant la muse de David et donnant à la parole des Isaïe, des Ezéchiel, des Amos, des Obadiah et des Joël, une élévation, de même qu’à leurs pensées une profondeur de vues qu’on ne se lasse pas d’admirer.

Il ne reste, en définitive, comme caractère propre, que l’amour de Dieu… Mais Moïse n’avait-il pas dit avant Jésus : « Tu aimeras l’Éternel ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tous tes moyens ? » Quel est donc encore ce dernier caractère donné pour fondement à la nouvelle doctrine ? Bossuet pressentait si bien la difficulté, qu’il s’est hâté d’énumérer les qualités du nouvel amour de Dieu prêché par le fondateur du Christianisme pour le distinguer d’avec celui de l’Alliance sinaïque. Tel qu’il le présente, ce n’est, en effet, plus l’amour de Dieu prescrit par Moïse ; il est complètement transformé. Ce n’est plus l’amour de Dieu conforme à notre nature, mesuré à notre pouvoir, à nos moyens ; c’est « le