C’est là, on peut l’affirmer, la tendance dominant dans la doctrine chrétienne, de se rattacher toujours par un bout quelconque, à la racine-mère, de ne jamais se séparer complètement du tronc dont la sève lui a été de tout temps si profitable. Soit qu’elle condamne le code sinaïque dans quelques-unes de ses prescriptions légales seulement, soit qu’elle le répudie tout à fait dans ses pratiques cérémonielles, elle tient néanmoins à montrer qu’elle en est issue. Nous parlons bien entendu des premiers représentants de cette doctrine, et non de ceux qui, plus tard, dans les conciles, se sont tant évertués à dérouler aux yeux du monde les fils qui lient le Nouveau Testament à l’Ancien. Jésus, on l’a vu, ne craint pas d’en montrer les rapports et, à son tour, l’apôtre Paul n’en dévoile-t-il pas l’étroite liaison en finissant par se comparer avec ses récents adhérents « à l’olivier sauvage qui est enté sur le franc olivier[1] ? ». Or, puisque cet apôtre fait si bon marché des pratiques cérémonielles, quel autre point de ressemblance lui reste-t-il avec la Bible et le Judaïsme, sinon les enseignements moraux qu’il en a tirés ?
Eh bien, nous disons que justement sous ce rapport le Christianisme doit être autrement envisagé que le Mahométisme. Tandis que celui-ci avait, en copiant le Pentateuque, à choisir entre les divers préceptes moraux qui y sont inscrits, ceux qu’il jugeait le mieux convenir aux tribus de l’Arabie, le Christianisme n’avait qu’à les développer tous indistinctement. Il s’adressait en premier lieu à des Hébreux et ce n’est certes pas pour eux qu’il eût fallu faire un choix. Le fallait-il davantage pour les Grecs et les Romains qui furent plus tard abordés par les disciples de Jésus ? Mais il était aisé de reconnaître que toute l’immortalité de ces peuples résultait moins de leur
- ↑ Épitre aux Corinthiens.