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religieuse n’est pas de trop pour le faire accepter, comme elle a eu lieu effectivement chez les Perses et les Babyloniens, où la croyance à la résurrection a précédé de très loin l’événement de Zoroastre.

Chez les Hébreux d’avant l’exil, cette croyance avait existé également. Nous en avons d’abord pour preuve Ezéchiel qui fut un des exilés mêmes. Que dit ce prophète ? Il raconte qu’emporté sur les ailes d’un ange, il fut déposé dans la vallée, sans doute celle près du fleuve Kebar, où eut lieu sa première vision[1]. Cette vallée était pleine d’ossements humains. Là, sur un ordre de Dieu, il commanda à tous les cadavres auxquels avaient appartenu ces ossements de se reconstituer, de vivre et de marcher, sous l’inspiration d’un souffle que le Seigneur allait faire passer sur eux. Et cela eut lieu. Et le prophète, s’adressant ensuite à ceux qui l’avaient écouté parler : C’est un symbole pour la maison d’Israël ; de même que ces cadavres, elle ressuscitera, elle sortira de son tombeau, elle renaîtra à la joie, au bonheur, elle sera rétablie dans la terre sainte. Pour parler sur un ton aussi aisé devant une foule attentive à ses discours, ne fallait-il pas qu’Ezéchiel fût assuré d’avance de la facile et profonde impression qu’il produirait sur elle ? Si ç’avait été la première fois qu’il faisait entendre cette grande, cette étonnante vérité de la résurrection, se serait-il exprimé de la sorte ? Le langage figuré, nous le savons, est le langage favori des prophètes. Mais ici, c’est plus qu’une figure, c’est déjà son application. Il fallait croire à la réalité de la résurrection pour en accepter ainsi l’image reportée sur une espérance aussi belle que le relèvement d’Israël. Ezéchiel n’établit pas le dogme de la résurrection. Il en parle comme d’une

  1. Voir le commentaire de Kimchi sur le 37e chapitre d’Ezéchiel.