monde futur. Comment nous le représente-t-il ? D’une manière générale « se déclarant et se rassasiant de la contemplation du Très-Haut à la droite duquel il lui est permis de se tenir éternellement[1]. »
Écoutons encore les prudents Docteurs de la Mischnah. Ils ne font que généraliser. « Sachez, disent-ils, que la récompense des justes leur sera accordée dans le monde à venir[2]. » Songe d’où tu viens, où tu vas, et devant qui tu seras un jour obligé de rendre compte[3]. » Rabbi Jacob enseignait : Ce monde-ci ressemble à une antichambre, eu égard au monde futur ; prépare-toi, arrange-toi dans l’antichambre avant d’entrer au salon[4]. » ajoutait aussi : « Mieux vaut une heure de béatitude dans le monde futur, que toute existence du monde présent[5]. » Enfin Rabbi Eliézer de Kappar avait l’habitude de dire : « Sache que tout est mesuré ici-bas ; ne te persuade donc pas que le Scheôl sera un refuge pour toi. Tu seras forcé d’en sortir pour te présenter au tribunal suprême du Saint, béni soit-il[6]. » Ainsi parlent les Docteurs de la Mischnah, avec une mesure qui ne laisse rien à désirer.
On ne saurait louer de cela les Talmudistes, surtout ceux du Talmud de Babylone. On sait des Talmudistes, en général, l’amour pour les tableaux d’imagination. Une fois lancés, c’est à qui renchérira sur l’autre. Mais il faut le dire : le lieu même où ils se sont mis à la recherche de ces images fantastiques, contribuait singulièrement à les pousser au-delà des bornes. Ce lieu, ce pays était la Babylonie, contrée où les doctrines du vieux Zoroastre avaient pris racine, avec tout le cortège de superstitions auxquelles avait donné naissance la lutte sans fin