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Israël », ce qui ne l’empêche pas de la traiter de suite après « d’illusion », en ajoutant : « et cette illusion devient un dogme ! »

Une illusion, l’idée messianique ! Loin de là, puisqu’elle est l’idée même du progrès. Si le peuple juif n’avait pas eu cette idée, ce dogme, il y a longtemps qu’il aurait disparu de dessus la terre. Qu’est-ce qu’Israël attend avec son Messie ? Le triomphe final du droit sur la force, de la liberté sur l’oppression, de la vérité sur l’erreur ; la disparition du vice et le règne de la vertu ; l’anéantissement de la guerre et l’établissement de la paix universelle ; les misères sociales faisant place au bien-être général ; l’instruction et les lumières chassant au-devant d’elles l’ignorance et les ténèbres. Voilà l’idée messianique juive. Eh bien ! que poursuit notre siècle ? Le mieux social. On veut améliorer le sort des hommes. Et cependant on se garde de tout réduire aux seules jouissances terrestres. On tient ouvertes, et largement ouvertes, les conquêtes du spiritualisme. Le Judaïsme n’a jamais voulu autre chose. Nous l’établissons dans notre livre. Il est certain que la doctrine juive avec son idée messianique a mis tout l’avenir de son côté, l’avenir dans ce qui s’entreprendra chaque jour davantage et avec raison sur le terrain de l’importante science de l’économie sociale, l’avenir encore dans ce qui regarde le progrès au point de vue moral, philosophique et même politique. Le progrès sur la ligne entière, c’est ce que veut, c’est ce qu’a toujours voulu l’aspiration messianique juive. Certes, le Judaïsme n’ira jamais dire à l’homme : désintéresse-toi des choses de la terre, renonce à ce monde