faire le tableau des félicités et des malheurs même terrestres réservés aux Hébreux suivant leur obéissance ou leur non-obéissance à la loi, que d’écouter Jésus et Mahomet discourir sur le sort probable qui écherra dans l’autre monde. Quel feu, quelle vivacité, quelle précision chez le fils d’Amram ! tandis que dans les paroles des autres qui étaient moins assurés des résultats certains, il règne quelque chose de vague, d’indéfini, ainsi que cela arrive toujours pour ce que l’on ne peut catégoriquement affirmer.
Moïse done, par cela seul qu’il avait reçu du Ciel le secret de l’avenir, n’avait nul besoin, pour donner une sanction à sa doctrine, de placer à sa base la croyance à l’immortalité de l’âme comme dogme fondamental de la foi en la vie future. Cette sanction, il la trouvait dans les assurances formelles de bonheur et de malheur positivement prédites par Dieu, et annoncées par lui sur le ton le plus affirmatif. Ajoutons que le grand législateur a dû être heureux de n’avoir pas eu besoin de s’appuyer sur cette croyance qui avait donné lieu en Égypte aux plus graves abus et aux superstitions les plus grossières. N’avait-il pas vu dans ce pays le peuple aller jusqu’à sacrifier aux mânes des morts, et leur rendre un culte presque divin ? Les Égyptiens étaient tous bien persuadés que l’âme ne mourait pas avec le corps. Cette croyance à la vie de l’âme après la mort était, à l’époque mosaïque, une croyance universellement répandue et, dans la contrée arrosée par le Nil, elle avait poussé à la construction de ces magnifiques et prodigieux tombeaux, les Pyramides, où, au moyen de l’embaumement et des bandelettes étaient conservés les corps réduits à l’état de momies, comme autant de fétiches. Naturellement Israël n’était pas ignorant de la croyance à la survivance de l’âme ainsi partout admise. Mais il s’agissait de le préserver à jamais des superstitions auxquelles elle avait