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L’ÉCRIN DISPARU

— Alors, vous êtes monsieur Charles Précy, détective, qui m’avez téléphoné ?

— Oui, Maître.

— Et quelles sont vos intentions ?

Posée d’un ton net et tranchant, la question troubla l’homme.

— C’est que… voyez-vous… balbutia-t-il.

— Pas de préambule ni de détours : au fait, s’il vous plaît.

— Diable ! pensa le détective, il a l’air décidé…

Et ouvertement :

— Si vous vouliez, Maître, me faire l’honneur de m’accompagner, nous causerions en marchant, sans risque d’attirer l’attention.

Sans répondre, Giraldi fit quelques pas.

— De quoi s’agit-il ?

— Eh bien voilà ! dit brutalement le détective, je ne suis pas riche, je voudrais l’être. Je connais un secret qui vaut de l’or, et j’exploite ce secret. J’espère, cette fois, que vous êtes fixé ?

— Mais pas du tout !… et quel est ce secret ?

— Eh bien ! puisque vous le voulez, je mettrai les points sur les « i ». Faut-il vous rappeler un certain écrin contenant cinq bagues en or, montées sur diamant, qui fut trouvé dans un tiroir, et gardé par quelqu’un qui a oublié d’en parler !…

— Cela me suffit, ajouta Giraldi d’un ton glacial, mais toujours calme. Pour tout dire en un mot, vous méditez un chantage ?

— Je n’en disconviens pas Monsieur, et ce m’est une joie de vous voir aborder si catégoriquement la question.

— Pas trop vite, l’ami. Le malheur, c’est qu’il est des gens n’ayant aucun goût pour ce genre de musique.

— Mais… Monsieur…

— Et qui la rejettent et la méprisent aussi profondément que les êtres de votre espèce, qui tâchent de s’en servir. Ils étaient arrivés à un endroit du chemin où ils se trouvèrent seuls. Monsieur Giraldi s’arrêta, et du détective ahuri, saisissant à la fois le veston et la fleur qui était à sa boutonnière, regarda l’homme dans les yeux.

Vous êtes un misérable, Monsieur, lui dit-il les dents serrées. De votre secret, tirez le parti que vous pourrez, de moi, vous n’aurez rien, entendez-vous ? rien… Me prenez-vous pour un de ces lâches qui tremblent devant un déshonneur qu’ils ont