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L’ÉCRIN DISPARU

XXII

CHEZ L’AUMÔNIER.


La nuit tombe insensiblement ; il est déjà neuf heures passées. L’Aumônier de Notre-Dame de Pitié vient d’achever son bréviaire et se dispose à aller prendre son repos, Discrètement sa gouvernante vient de frapper à la porte :

— Monsieur l’Aumônier, il y a un jeune homme qui demande instamment à vous voir.

Le Prêtre se dirige au petit parloir, et reconnaît qui ?… Hippolyte. — Certes, il connaissait Hippolyte, il éprouvait même une certaine estime pour lui ; mais tout de même pour sa première visite, il eût pu choisir une heure moins indue !…

— C’est moi, oui Monsieur l’Aumônier qui viens vous déranger. Vous croyez me connaître n’est-ce pas ? Eh bien ! je ne suis pas celui que vous pensez.

— Comment, vous n’êtes pas Hippolyte Paillard, le Secrétaire de monsieur Giraldi ?

— Secrétaire, je vous le concède, mais il y a longtemps que vous avez prononcé mon autre et véritable nom !…

— Comment, dit le Prêtre au comble de la stupéfaction :

« Seriez-vous Rodolphe Raimbaud » ?…

— Lui-même, Monsieur l’Aumônier.

— Est-ce bien possible, reprit celui-ci, ayant peine à en croire ses oreilles. Et tandis que vaincu par l’émotion, il se laisse glisser dans un fauteuil à proximité, ses yeux suffisent à peine à examiner cette physionomie qu’il tâche de reconnaître sous des traits si nouveaux.

— Je suis venu à vous, d’abord, parce que je suis bien malheureux, et ensuite pour vous dire que je ne suis pas le grand coupable que tout le monde supposait, vous comme les autres, Monsieur l’Aumônier.

Je suis parti, sentant bien qu’il m’était impossible de me justifier, que personne ne pourrait, ni ne voudrait me croire innocent. — Vous allez me demander comment j’ai pu enfin découvrir la vérité ? C’est très simple, vous allez voir.

Ayant eu connaissance qu’un ancien détective, en résidence à Boston, s’était fait une véritable notoriété dans ce genre de recherches, un beau jour, je quitte Montréal et vais lui conter mon histoire ; il y a de ceci, environ trois mois ; depuis mon voyage, j’étais sans nouvelles de l’affaire. Mais l’homme n’avait pas