Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
L’ÉCRIN DISPARU

— Plus d’une fois, ce doute m’est venu à l’esprit, mais je ne m’y suis jamais arrêté,

— Et quelles raisons vous en ont dissuadé ?

— Les suivantes : à savoir, que la femme de ménage la mère Léonard ne venait chaque jour que de sept heures du matin à midi, et que l’employé Dupras qui prenait congé ce jour-là même, ne devait rentrer qu’à six heures de l’après-midi, car mon père qui devait avoir une entrevue privée à la résidence du Président de la Banque d’Hochelaga, attendait son employé pour s’absenter lui-même.

— Mais qui vous dit que Dupras, durant son congé, ne soit pas rentré pendant votre absence et à votre insu ?

— Non, car dans l’après-midi, je l’ai rencontré deux fois : la première vers trois heures, coin Ste-Catherine et Bleury, la seconde vers 5 heures et demie au Parc « Summer. »

— Que pensez-vous maintenant de l’hypothèse d’un étranger ?

— Elle est inadmissible : vous avez constaté par vous-même, que pour atteindre l’Office, il faut passer par le magasin que mon père n’a pas quitté de deux à six heures.

— Voilà, dit le détective, un point qui me semble acquis.

— Vous souvenez-vous des personnes présentes à la scène qui eut lieu entre vous et votre père ?

— Oui, il y avait la mère Léonard, Dupras, l’Aumônier et Monsieur Giraldi.

Devinant ce que cette scène fut pour vous, je ne vous demanderai pas de m’en refaire le récit. Or, si je ne me trompe, voici l’opinion que vous en avez gardée : dans l’affolement causé par la disparition de l’écrin, votre père l’ayant cherché sans le trouver précisément là où il l’avait placé, a eu une crise de nerfs telle, qu’il est tombé foudroyé par une congestion cérébrale.

La chose me paraît tout à fait vraisemblable, sachant d’une part, comme vous me fîtes l’honneur de me le dire, que votre père était très sanguin, et que de l’autre, il avait un besoin impérieux de cette valeur pour rencontrer des obligations financières très pressantes.

Or, le pire. Monsieur et cher client, c’est que je vais encore aggraver vos regrets : car vous êtes la cause originelle quoique involontaire de tout ce qui est arrivé. C’est ce que je me propose d’établir d’une façon péremptoire, si vous voulez bien suivre attentivement mes déductions.