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L’ÉCRIN DISPARU

Un autre familier de la maison. Giraldi était Hippolyte Paillard, le secrétaire privé de l’inventeur.

La renommée grandissante de monsieur Giraldi et ses multiples relations, lui imposèrent la nécessité d’un collaborateur jeune et intelligent. Il le voulait d’une vie digne et correcte, présentant toutes les garanties de capacité et d’honorabilité. De cet auxiliaire idéal, il voulait faire son ami et plus tard, le confident auquel il s’ouvrirait de ses projets, de ses rêves, et qui pourrait en assurer l’exécution.

Longtemps il avait caressé l’idée de voir son fils aîné, le paisible Gaston, remplir ce rôle brillant. C’est dans ce but qu’il l’avait poussé à faire des études techniques préparatoires à cette profession. Mais les goûts du jeune homme étaient tout autres. Subissant plutôt l’influence de sa pieuse mère, celui-ci, se sentait de l’attrait pour la vocation ecclésiastique. Il s’en ouvrit discrètement à Madame Giraldi, dont la surprise n’eut d’égale que la joie.

Cependant, elle affecta d’attacher peu d’importance à cette déclaration, qu’elle accueillit avec un sourire dubitatif ; elle attendit que de nouvelles ouvertures vinssent témoigner de la sincérité de l’enfant. Après avoir acquis la certitude que tels étaient bien les goûts et la volonté de son fils, elle vit alors se dresser l’obstacle insurmontable, à savoir, l’opposition paternelle, à tel point, qu’elle n’eut pas même l’idée de l’affronter.

Cependant, sa joie était grande et son bonheur bien intime, car elle voyait sa prière exaucée. Depuis le jour de leur mariage, la pieuse Canadienne s’était flattée, en gagnant le cœur de son mari, de le ramener à la pratique de leur commune religion, dans laquelle, heureux et sages avaient grandi leurs enfants. Que de prières, que de sacrifices accomplis à cette fin. Qui dira les tentatives prudentes, mais infructueuses faites dans ce but.

Toujours, sur le front de l’époux restait ce pli, cachant un secret et une obstination qui la blessaient au plus profond de l’âme. C’est alors, que pour faire rentrer au bercail de l’Église cette âme si chère, elle avait fait à Dieu le sacrifice de l’un de ses enfants, dans l’espoir que cette offrande unie aux prières du fils, ferait enfin triompher la grâce dans l’âme du père.

Ne sachant quel parti prendre dans cette affaire délicate, dont le dénouement pouvait avoir une si grande répercussion sur la vie de famille, Lucie résolut de prendre les conseils de l’Aumônier et de s’en remettre complètement à sa prudence. Bien des prières avaient été faites en vue de l’issue favorable. Aussi quelle ne fut pas la stupéfaction de Lucie, quand elle vit le calme