Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
L’ÉCRIN DISPARU

— C’est mon avis répondit le prêtre. Je fis à la lettre, la réponse que vous devinez ; puis n’ayant pas reçu d’autres informations, je me déterminai, deux semaines après, à redemander des nouvelles du malade. Or, voici encore justement la réponse que je reçus :

Monsieur l’Aumônier,

Le malade en question, et dont j’ignore le nom, a quitté l’Établissement à mon insu, bien qu’imparfaitement rétabli, devançant ainsi de trois jours l’octroi de son certificat de sortie. Il semble désormais difficile, sinon impossible de retrouver ses traces, dans la cohue d’une ville, telle que celle-ci.

— C’était bien lui, vous voyez, dit le prêtre ; seulement, cette démarche étant faite, il a craint de laisser une piste. Cette précipitation dans sa sortie, n’est qu’une preuve de culpabilité de plus, ajoutée à tant d’autres…

Monsieur Giraldi ne répondit pas.

Mais le lendemain, il écrivit au Chef de Police de la Cité de Troy, auquel il fournissait tous les renseignements possibles, dans l’espoir d’obtenir à son tour l’identification de Rodolphe ; ce fut en vain. Le seul résultat réel de la démarche, fut la dépense d’environ un millier de dollars.

Après deux nouvelles tentatives, aussi inutiles que la première, comprenant qu’il se heurtait à l’impossible, Monsieur Giraldi abandonna toutes les recherches, ne comptant plus que sur les chances d’ailleurs fort aléatoires du hasard.

C’est mû par le même sentiment de sympathique intérêt, qu’il veillait à l’entretien de la tombe des époux « Raimbaud » la préservant des outrages du temps et des délaissements de l’oubli.


XV

DANS L’INTIMITÉ.


Dans le jardin d’agrément qui avait surgi d’un terrain vague acheté à la ville d’Outremont et qu’il avait transformé avec art, Monsieur Giraldi s’était réservé quelques carrés, qu’il ne dédaignait pas, à ses heures de loisir, de bêcher et d’entretenir lui-même.

Il trouvait dans cet exercice plus d’avantages pour sa santé, que dans des parties de « Golf » où la société des joueurs et l’assujettissement aux règles du jeu, lui imposaient une contrainte, dont sa nature indépendante s’accommodait difficilement.