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L’ÉCRIN DISPARU

Ce n était pas sans quelque étonnement, que Lucie voyait son mari s’intéresser si fort à celui pour lequel il avait autrefois manifesté une indifférence plutôt hostile. Mais, au fond, elle s’était réjouie de ce réveil de bons sentiments, si bien en harmonie avec les siens propres.

Un jour, que Monsieur Giraldi s’entretenait avec le Chapelain de Notre-Dame de Pitié, de son grand désir de retrouver le disparu, le prêtre avait répondu :

— Je n’en ai pas eu de nouvelles depuis au moins sept ans.

— Comment, dit Monsieur Giraldi, en pâlissant :

— Vous avez déjà entendu parler de Rodolphe Raimbaud ?

— Oui, je reçus à cette époque continua le prêtre, une lettre venant de Troy (E.-U.) portant comme en-tête : « Institut Grant » elle était écrite et signée par l’aumônier catholique desservant l’Établissement. Tenez, en cherchant dans mes papiers, peut-être vais-je encore la retrouver. Le prêtre, après avoir vidé maints tiroirs et cartons, poussa enfin un cri de joyeuse surprise : la voici justement… Il la remit à son interlocuteur, qui avidement y lut les lignes suivantes :

TROY, le… août 19…
Institut GRANT.
Monsieur l’Aumônier.

Un jeune homme blessé, qui se trouve dans cette Institution, où je remplis par intérim les fonctions du ministère sacré, me charge de vous demander ce qui suit :

a) Ce qu’est devenu Monsieur Raimbaud, que vous devez bien connaître, me dit-il ?

b) Si l’on a retrouvé l’écrin.

Sans connaître la signification de ces questions, je vous les soumets fidèlement, rendant ainsi un service de charité, à ce pauvre malade, qui de toutes façons, me paraît avoir beaucoup souffert, quoique bien jeune encore…

Plus tôt vous pourrez me renseigner, mieux ce sera dans l’intérêt du patient.

Veuillez agréer, Monsieur l’Aumônier, l’expression de ma religieuse gratitude en N. S.

A. SMITH,
Aumônier intérimaire.

— Mais c’était lui, s’écria Monsieur Giraldi stupéfait…