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L’ÉCRIN DISPARU

XIV

VIE NOUVELLE.

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Des années ont passé, depuis le jour du grand triomphe a Chicago. Avec la gloire, la fortune est arrivée. Devinant les immenses profits dont le « Moteur Giraldi » serait la source, une compagnie américaine qui comptait monsieur Holden parmi ses principaux actionnaires, offrit à l’inventeur un million de dollars pour l’achat de son Brevet, ou plus exactement, six cent mille dollars au comptant, et quatre cents parts de « mille dollars » comme actionnaire.

Jamais dans ses rêves les plus ambitieux, Léo n’avait atteint à ces proportions. Chose singulière, il ne fut pas plus ébloui par la fortune que par la gloire. Il accueillit ses succès financiers avec le même sang-froid que ses triomphes d’inventeur.

Sans cesser de travailler à des perfectionnements de détail, il se tenait au courant des inventions nouvelles, et continuait des études techniques, qui bientôt, consacrèrent sa réputation de savant. Il passait néanmoins au milieu de la célébrité et des adulations, avec une indifférence souveraine, jaloux de conserver la simplicité, l’austérité même de sa vie, chose si rare, dans cette catégorie de gens désignés sous le nom de « parvenus. »

Une de ses distractions favorites, durant la belle saison quand elle le trouvait en ville, était d’accompagner sa famille en faisant le tour de l’île de Montréal. La vue de l’eau, les sites variés, la fraîcheur du Fleuve lui plaisaient.

Lui-même, conduisait sa superbe limousine, dont le moteur qui avait fait sa gloire et sa fortune, avait dans son ronflement, un charme à nul autre pareil. Invariablement la promenade se terminait par une visite au cimetière de la Côte des Neiges. La modeste croix de bois, située au bas d’un tertre, du côté ouest, avait fait place à un splendide monument de granit, d’où en lettres d’or se détachaient ostensiblement ces mots : « Famille GIRALDI. »

À quelques arpents plus loin, il y a des fleurs fraîche écloses, Sur la funèbre corbeille qu’entoure une simple grille de fer, une piété inconnue entretient des plantes vivaces veille sur ce coin de terre, s’attachant à le préserver de l’oubli.