Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
L’ÉCRIN DISPARU

Enfin… la lettre tant désirée arriva. D’une main fiévreuse l’épouse inquiète brisa l’enveloppe et lut :

Ma chère LUCIE,

« Excuse-moi d’être resté une longue semaine sans te donner d’autres renseignements que celui de mon arrivée à Détroit. Si j’ai attendu, c’est que je voulais t’annoncer autre chose que de vagues et problématiques espoirs.

Aujourd’hui, ce sont des réalités que je te présente. Cette fois, j’y suis ! Et si j’en crois les appréciations aussi flatteuses que fondées de Monsieur Holden — qui est un maître en la matière — ce sera presque un grand homme que tu embrasseras quand je serai de retour. Je ne te dirai pas toutes les courses qu’il m’a fallu faire, toutes les informations que j’ai dû prendre, tant à Détroit qu’à Chicago qu’à Milwaukee, pour rejoindre cet homme rare et précieux.

Ma constance fut enfin récompensée et malgré son accueil froid et plutôt défiant du début, je parvins à l’intéresser dans l’espace de quelques minutes… Après lui avoir exposé que le carburateur est comme le cœur du moteur même, et que grâce à mon dispositif, la combustion de l’huile est complète, je lui en fis un croquis sommaire. Jamais je ne vis homme plus intrigué par mes explications, buvant mes paroles, pouvant à peine en croire ses oreilles.

— Et quelles économies d’huile pensez-vous réaliser ?

— Plus de 50% de la dépense actuelle. J’estime qu’un seul gallon suffira pour couvrir une distance de 45 à 50 milles.

— Mais vous rêvez, me dit-il moitié souriant…

— Monsieur, je brûle du désir de vous prouver ce que j’avance.

— Alors il ajouta : si vous êtes certain du succès, adressez-vous à monsieur Kinsley, 7ième rue à Milwaukee ; là, vous trouverez les meilleures conditions pour réaliser votre moteur idéal. Je l’installerai sur une de mes machines et m’offre à vous pour la mise au point.

N’est-ce pas, chère amie, la réalisation de mes désirs les plus ardemment caressés ?

Or, il est entendu entre lui et moi, qu’aussitôt les expériences terminées, il sera mon seul commanditaire et se chargera de lancer l’entreprise.

Selon lui, il y aura, en effet, un immense service rendu au public, presque une révolution dans l’industrie de l’huile miné-