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L’ÉCRIN DISPARU

Giraldi lut, dans la grande revue : « Scientific American » avec la graphique détaillé, la description minutieuse de ce moteur qui venait d’être primé ; mais un fait surtout l’avait frappé ; la revue disait :

« Le moteur peut fonctionner indifféremment au pétrole ou à l’essence, grâce à son carburateur tout spécial. Ce dernier comporte un tube en spirale qui vient entourer les brûleurs destinés à l’allumage,… etc » et suivait le reste de la description. À peine Giraldi en eût-il achevé la lecture, qu’une idée prompte comme l’éclair lui fit entrevoir un défaut capital de construction. Il connaissait à fond le moteur à explosions, et se faisait fort non seulement de supprimer le vice constaté, mais de tripler, par un dispositif, dont il avait le secret, le rendement d’énergie, tout en réduisant de moitié la dépense d’huile minérale.

Frappé de l’ingénieuse opportunité de son idée, il s’y cramponna avec l’énergique ténacité qu’il apportait à toutes ses entreprises. Parce que son principe était très sûr, il avait senti immédiatement, qu’il deviendrait non seulement pratique, mais d’une supériorité si évidente, que c’était toute une révolution qu’il entrevoyait dans l’industrie de l’automobile et des moteurs en général

Durant de longs mois, Léo Giraldi poursuivit son idée, aligna des chiffres, fit des croquis, profitant de ses moindres loisirs, essayant d’arracher à l’inconnu ses secrets. Vingt fois, il crut toucher au but ; vingt fois, il dut constater qu’une erreur de calcul ou de conception, lui avait fait faire fausse route. Loin de le décourager, l’insuccès semblait décupler la rigoureuse intensité de ses investigations. Il avait comme la vision intuitive du succès ; il était persuadé, qu’avec des connaissances et une volonté inébranlable, il devait aboutir.

Son pressentiment ne le trompa point. Plus tôt même qu’il ne l’aurait cru, il put un jour pousser son triomphal « EURÊKA » (j’ai trouvé.) Sa solution était non seulement bonne, mais la meilleure, à un degré qu’il brûlait de pouvoir démontrer d’une façon tangible. Épuisé par la tension d’esprit, il fut contraint d’éloigner sa pensée de l’objet qui l’avait passionnée. Cette détente, aussi légitime que nécessaire, était indispensable à sa santé. Après ce réconfort, son cerveau reprit un à un ses calculs, froidement, avec la rigueur d’un critique sévère et impartial. Il aboutit à la même conclusion et reconnut qu’il ne s’était pas trompé. Le dispositif rêvé, il l’avait enfin découvert, simple pratique, peu dispendieux et d’une supériorité qui tiendrait du prodige.