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L’ÉCRIN DISPARU

gardé le goût de l’étude ; les livres lui souriaient plus que les relations mondaines, et, dans leur compagnie, aux heures de loisir, il travaillait à parfaire son instruction. Mais, n’ayant personne pour le guider, il manqua longtemps de méthode et suivit un peu au hasard, le caprice de ses goûts. Il se sentait organisé pour produire quelque chose, mais, il ignorait cette chose. La littérature, un temps lui sourit ; puis ce fut l’histoire… il eût aimé à écrire ; mais il reconnut vite qu’entre une pensée et sa claire expression sur le papier il y a une marge considérable à franchir.

Du moins, il demeura lecteur passionné.

Des années passèrent sans changer sa modeste situation, qui ne manquait pas d’un certain aléa. Quelles nouvelles épreuves lui réservait l’avenir ? Si la famille augmentant, les revenus demeureraient stationnaires, c’était la gêne, la souffrance en perspective. Puis, son pauvre logement dont l’exiguïté contrastait avec le montant du loyer, lui était une autre source d’inquiétudes : quand pourrait-il enfin quitter cette atmosphère malsaine d’une rue étroite, pour s’établir chez lui, dans la banlieue de la ville, en un site choisi, où le soleil et le grand air, joueraient dans ses appartements !…

Pour réaliser ce rêve, si naturel à tout père de famille soucieux du bien-être des siens, il lui fallait une position, ou du moins, un salaire bien supérieur à celui qu’il touchait ; d’ailleurs, il supportait avec peine, le joug de la dépendance et aspirait à être un centre d’activité au lieu du rouage ignoré, au service d’autrui.

La naissance de Gaston, le premier de ses fils, sembla lui rendre l’énergie et l’enthousiasme de ses vingt ans ; l’esprit d’initiative, qui avait paru l’abandonner, se réveilla et c’est dans le cadre de ses occupations journalières, qu’il songea à découvrir les ressources, d’où jailliraient à la fois sa fortune et sa réputation.

L’industrie de l’automobile ayant pris, à la suite de perfectionnements récents, une extension quasi phénoménale, Léo Giraldi comprit bien vite que sa profession de dessinateur industriel lui mettait en main la clé du succès. Il ne voulut plus désormais se borner à copier servilement des croquis de machines, ou de moteurs plus ou moins perfectionnés ; Il résolut de comprendre afin de pouvoir lui-même combiner, inventer, puis réaliser. Le germe du talent, stimulé par celui de l’ambition, décuplant ses énergies, il se mit à l’œuvre, bien résolu à chercher, à trouver, à réussir. Ses rares aptitudes pour les sciences exactes, lui furent de précieux auxiliaires. Il entreprit de connaître à