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L’ÉCRIN DISPARU

dans sa propre chapelle, unit par les liens indissolubles, ces deux âmes de race différente, comme de mentalité bien dissemblable. Madame Robin ne fit pas un long séjour au nouveau foyer. Moins de deux ans après le mariage de sa fille, elle s’en allait rejoindre au champ du repos, celui qu’elle n’avait cessé de pleurer. Cependant, la Providence lui avait ménagé la joie de se voir aïeule et de connaître le premier de ses petits-enfants, car Madeleine avait déjà trois mois quand mourut sa grand’mère.

Lucie, déjà éprouvée par la mort de sa mère, contracta une fièvre maligne, qui en quelques jours, la mit elle-même aux portes du tombeau. Son mari désespéré, et craignant de la perdre à son tour, connut des jours d’angoisses indescriptibles. Sa plus grande torture, fut de ne pouvoir lui faire suivre, (faute de ressources) le traitement, qui, aux dires du spécialiste, la rétablirait infailliblement. Cependant, le retour de la bonne saison, joint aux soins dévoués de Monsieur Giraldi, la rétablirent peu à peu et à moins de frais.

Il était écrit que la série de leurs épreuves, n’était pas close. Lucie avait à peine repris sa vie normale, que Léo tombait malade à son tour. Un mois durant, il dut garder la chambre, sans pouvoir aller une seule fois jusqu’à son bureau. Déjà fortement entamées par la maladie de la mère, les quelques épargnes accumulées disparurent rapidement, et le jeune ménage connut la gêne, sinon pire.

Ce dur passage, néanmoins, fut traversé, grâce au courage admirable de Léo et à la pieuse énergie de sa jeune épouse, qui était une chrétienne convaincue. Mais Monsieur Giraldi qui n’avait pas la foi virile de sa vaillante compagne, garda de cette dernière crise une sourde exaspération. Il estimait souverainement injustes les multiples épreuves, qui depuis le début de sa vie, n’avaient guère cessé de fondre sur les siens. Une indignation révoltée montait en son âme, à la pensée qu’aux jours de l’épreuve, aucun de ceux qu’il connaissait et qui s’étaient déclaré ses amis, ne lui avait tendu la main !…


VI

ESSAIS D’ORIENTATION.


Les remarquables aptitudes pour les sciences, dont Giraldi avait fait preuve, durant les trop courtes années de sa scolarité, s’étaient avivées avec l’âge et l’expérience. Il avait toujours