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Un bruit de pas dans l’escalier avait coupé les réflexions du reporter : suivi du médecin-expert, le Coroner entra. Tandis que le Docteur examinait le corps, constatait le décès, l’autre, minutieusement questionnait les témoins.

— L’a-t-on fouillé, avait-il quelques papiers sur lui ?

Parizot indiqua du doigt les vêtements encore trempés, jetés en amas sur le plancher de la chambre.

Parmi les divers objets sortis des poches, un carnet, en grande partie protégé de l’eau par sa couverture de toile cirée, attira l’attention du Coroner qui l’examina attentivement, puis lut à haute voix cette déclaration écrite sur la première page :

« Si je suis arrêté et condamné, je laisse ces renseignements, afin que nul, après ma mort, ne soit incriminé pour des actes que j’ai prémédités et accomplis seul, et dont je réclame toute la responsabilité. »

Quelques extraits de ce document, achèveront de mettre en pleine lumière les faits qui seraient demeurés obscurs dans le drame du Parc des Cyprès.


XIII

LE CARNET DU CHAUFFEUR.


J’ai nom Harry Waldorf, autrefois Colonel dans l’armée du Général Robert Lee. Ayant, au contact d’amis aux idées révolutionnaires, abjuré les traditions sociales et religieuses de ma famille, j’ai dû abandonner mon nom, ma carrière militaire, pour servir les doctrines prônées par la secte des Ku-Klux-Klan.

Ce qui m’a coûté davantage, ça été de quitter ma femme, qui ne voulut point accepter mes théories et que mon abandon a fait mourir de chagrin ; puis ma fille, que j’aimais tant en dépit des dogmes enseignés par ma religion nouvelle.

Que de fois, pour la revoir, chez des parents d’adoption qui la reçurent, comme leur enfant je me déguisai sous toutes sortes d’accoutrements !… plus d’une fois ainsi, sans me faire connaître, d’elle, je pus lui parler, la caresser, m’informant si elle conservait encore le souvenir de son père avec un reste d’affection pour lui. Ayant intrigué auprès des chefs de la secte pour venir faire du prosélytisme au Canada, je pus, après de longues années et de pénibles recherches retrouver enfin les traces de ma chère Lédia.