Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
L’ÉCRIN DISPARU

— Je vous donnai ma parole de ne rien révéler des confidences que vous voulûtes bien me faire ; dégagez-moi de ma promesse : j’irai trouver Madame Giraldi et dans l’entretien que nous aurons, je me fais fort d’établir si, oui ou non, elle est coupable.

D’un mouvement convulsif, le pauvre jeune homme prit la main de Parizot et la serra entre les siennes :

— Oui, j’approuve tout ce que vous déciderez. Ah ! Monsieur quel service vous m’avez rendu en venant ici… J’étais comme désespéré et réduit à souhaiter de devenir fou pour de bon…

— Si vous voulez m’en croire, nous allons partir ensemble. Vous logerez chez moi cette nuit, et dès demain je vous conduis à Châteauguay dans une maison de repos qui appartient à un de mes amis. Vous y serez soigné par une bonne ménagère, qui pour guérir, a des recettes aussi ingénieuses qu’efficaces. Après vous avoir accompagné, je retournerai au Parc des Cyprès et d’ici peu de jours, je serai en mesure de vous faire part de mes informations.

À ce moment, le jeune homme se leva du fauteuil où il setait laissé tomber :

— Allons, dit-il avec la docilité passive d’un être, qui sentant son impuissance à se diriger lui-même, exécute sans résistance les directives d’autrui.

Quelques instants plus tard, les deux hommes avaient pris congé du Docteur de Chambure et montaient dans le taxi qui les attendait devant le bureau du médecin, puis côtoyant le fleuve, disparurent à toute vitesse par la route de Montréal.

Quelle ne fut pas l’agréable surprise de Dupras, le lendemain, lorsque dans la ménagère si vantée, il retrouva à Châteauguay, la bonne vieille mère Léonard, que douze années auparavant, il avait connue femme de ménage chez monsieur Raimbaud. La joie fut non moins réciproque que la surprise. Parmi les souvenirs du passé, dont ils s’entretinrent, la mort tragique de monsieur Raimbaud était restée au premier plan.

Depuis ce jour néfaste, la mère Léonard était demeurée sans nouvelle et de Dupras et du malheureux Rodolphe. Quand elle sut leur histoire respective et connut le lieu comme le motif de la réclusion du « Prodigue » elle s’écria :

— Ah ! que du ciel, sa bonne mère a dû être contente ce jour-là… combien il est vrai de dire que l’enfant d’une mère pieuse, s’il s’égare, revient presque toujours à la foi de son enfance.