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L’ÉCRIN DISPARU

au service de monsieur Raimbaud. Doué d’aptitudes particulières pour le dessin industriel, dont monsieur Giraldi avait fait sa profession, le jeune homme les avait développées en Europe où il avait passé trois années comme boursier du Gouvernement. La belle saison s’écoulait joyeuse et l’union des cœurs comme des volontés semblait faire du Parc des Cyprès l’asile de la sérénité et du bien-être.

Un voyage projeté pour le dimanche suivant à la famille des marquis de Sombernon, avait mis la joie dans tous les yeux. Amis d’enfance du Vicomte Louis d’Aisy, Lucien et Georges de Sombernon, comme lui étudiants de St-Cyr, n’avaient pas tardé, avec leur mère, à le rejoindre sur le sol libre et riche du Canada.

Unie d’amitié les deux familles n’avaient pas de joies plus douces, que de continuer dans le Nouveau-monde, les pieuses et cordiales relations qui faisaient leur bonheur dans l’Ancien.

Or voici ce qu’au matin du 10 Juillet 19… publiait le journal « LE CANADA » sous ce titre écrit en gros caractères :

— CRIME ou ACCIDENT —

« Hier, vers les 8 heures du soir, des employés du Canadien Pacifique ont découvert, au bas d’un remblai de la voie ferrée, à quelques arpents de la station de Montréal-Ouest, le corps sans vie d’un jeune garçon paraissant âgé de 15 à 16 ans. Transporté d’abord à la station du chemin de fer, il fut soigneusement examiné par le médecin qui constata une fracture du crâne. S’agit-il d’un assassinat, d’un suicide, ou bien le malheureux jeune homme s’est-il tué accidentellement en tombant de la plate-forme du wagon ?… L’une et l’autre supposition sont possibles. Le Coroner prévenu fit une enquête sommaire. On fouilla la victime. Les vêtements, sont élégants, le linge très fin est marqué aux initiales J. G. — Ni la montre, ni le porte-monnaie n’ont été volés, ce qui semble éloigner la version d’un crime. Le corps non encore identifié, sera sous peu conduit à la morgue. »

L’attention particulière avec laquelle le journal mettait en relief à sa première page, l’accident, qui en temps ordinaire eut passé presque inaperçu dans les faits divers, indiquait déjà l’importance de la famille à laquelle appartenait probablement la victime.

Que s’est-il passé ce soir-là au Parc des Cyprès ? Le voici résumé succinctement : C’est mardi, l’un des deux jours, où Jean va à la ville recevoir ses leçons de musique. Parti joyeux par le