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statistique et expérience

Transposons dans le domaine statistique ces conditions de bonne abstraction enseignées par la méthodologie des sciences positives ; et nous apercevrons que la première précaution à prendre pour ne pas tromper et ne pas nous tromper nous-mêmes avec nos abstractions statistiques est de nous inquiéter que nos expressions de faits complexes, nos moyennes, nos indices, nos coefficients, ne soient pas des résultats de comptages quelconques, de combinaisons arbitraires entre des chiffres et des chiffres, mais qu’elles aussi se modèlent sur la complexité concrète, respectent les articulations du réel, expriment quelque chose à la fois de distinct et de vrai par rapport à la multiplicité des cas individuels à laquelle elles correspondent. Observons, au contraire, que ce qui peut nous égarer, ce qui, en fait, nous égare bien souvent dans l’emploi des abstractions statistiques, ce n’est pas qu’elles soient des abstractions, mais c’est qu’elles sont de mauvaises abstractions.

Nous ne voyons aucun physicien déterminer la densité d’un groupement quelconque d’objets hétéroclites ; car manifestement, ce groupement n’ayant aucune identité physique, la