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conditions de preuve

prochement avec l’expérimentation ordinaire des sciences de la nature ne va-t-il pas nous éclairer sur les conditions dont il dépendra que la statistique porte sur une réalité ou au contraire reste sans fondement ?

N’est-ce pas, en effet, un lieu commun de la méthodologie courante que de montrer que le fait scientifique des sciences de la nature, étant, on l’a vu, détaché, séparé (par définition même, on peut le dire) de la complexité que présente la réalité concrète, est à proprement parler une abstraction ? Mais, ajoute aussitôt cette méthodologie, ce n’est pas à dire que ce détachement, cette séparation, cette abstraction se fasse à la fantaisie de l’expérimentateur, que le fait scientifique soit une entité librement créée par l’esprit du savant, à la manière des entités de la scolastique médiévale. Pour mériter ce nom de fait scientifique, pour entrer dans la science, il faut que cette abstraction, tout en se distinguant de la complexité concrète, se modèle cependant suffisamment sur elle, respecte, comme l’a dit un philosophe contemporain, les articulations de la réalité, et enfin se prouve efficace et vraie par les résultats qui s’en tirent, par le succès.