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NOTION DE STATISTIQUE

à-dire parce que ce ne sont pas des faits sans règle assignable en toute rigueur ?

N’est-ce pas plutôt parce que ces comptages, parce que ces données numériques ne s’appliquent pas à quelque ensemble, à quelque groupe ayant une certaine consistance, une certaine réalité en tant qu’ensemble, en tant que groupe, ou tout au moins à quelque ensemble, à quelque groupe soupçonné d’avoir une certaine consistance comme tel, et dont le traitement statistique nous indiquera justement s’il en est ainsi ou non ? Le comptage des personnes qui passent par jour sur un certain pont d’une ville, par exemple, ne prend-il pas seulement une valeur statistique dans la mesure où il apparaît n’être pas aussi instable et aussi peu défini qu’on aurait pu le croire d’abord ? Mais n’est-ce point précisément parce qu’au lieu de résulter du seul caprice des individus ou du seul hasard des circonstances, il décèle ce que l’on appelle un courant de circulation, — courant qui, bien que se manifestant seulement par certains actes individuels dont aucun ne le constitue en propre, est bien cependant (tous les commerçants le savent) une réalité propre, distincte des