Tout son musical a son origine dans le cœur de l’homme. Entre le Ciel et l’homme, il y a communication réciproque ; c’est comme l’image réfléchie par l’ombre, c’est comme le son renvoyé par l’écho ; c’est pourquoi ceux qui font le bien, le Ciel les récompense par des félicités ; ceux qui font le mal, le Ciel leur donne des infortunes. C’est là une chose toute naturelle. — Ainsi, lorsque Choen touchait du luth à cinq cordes et chantait la poésie du Vent du sud[1], l’empire était bien gouverné ; quand Tcheou eut composé l’air de la Région-frontière au nord de Tchao-ko[2], il périt lui-même et son royaume fut détruit. Pourquoi la conduite de Choen le mena-t-elle à la grandeur ? pourquoi la conduite de Tcheou le précipita-t-elle dans la détresse ? La poésie du Vent du sud est un chant de naissance et de croissance ; la musique de Choen s’y plaisait ; cette musique était ainsi unanime avec le Ciel et la Terre et s’attirait l’affection des dix mille royaumes ; c’est pourquoi l’empire fut bien gouverné. D’autre part, « Tchao-ko » (éveille l’idée de) « pas en temps opportun » ; « nord » (éveille l’idée de) « défaite » ; « région-frontière » (éveille l’idée de) « méprisable » ; la musique de Tcheou se plaisait à (ces idées) et était en dissentiment avec les dix mille royaumes ; les seigneurs ne furent pas soumis (à Tcheou) ; les cent familles ne lui furent pas attachées ; l’empire se détacha de lui ; c’est pourquoi il périt lui-même et son royaume fut détruit.
C’était au temps du duc Ling (534-493 av. J.-C.) du pays de Wei[3] ; le duc se proposait de se rendre dans le
- ↑ Cf. note 192.
- ↑ Tchao-ko est le nom que porta sous les Han la ville qui avait été la capitale de Tcheou, dernier souverain de la dynastie Yn (cf. tome I, n. 04.179).
- ↑ La capitale du pays de Wei était alors la ville de Tch’ou-k’ieou, dans le voisinage de la sous-préfecture actuelle de Ts’ao, préfecture de Ts’ao-Tcheou, province de Chan-tong.