est-elle d’inspiration étroite, elle le pousse à ne songer qu’à réaliser ses désirs égoïstes. Elle ébranle l’énergie qui le ferait monter et se développer ; elle détruit la vertu qui produirait en lui l’égalité et l’harmonie. Aussi le sage méprise-t-il (une telle musique).]
[Toutes les fois que des sons désordonnés viennent émouvoir l’homme, l’énergie d’opposition (à la vertu) leur répond (dans le cœur de l’homme) ; lorsque l’énergie d’opposition se manifeste, la musique débauchée se produit. Quand des sons corrects viennent émouvoir l’homme, l’énergie de conformité (à la vertu) leur répond ; quand l’énergie de conformité se manifeste, la musique harmonieuse se produit. Ainsi, celui qui entonne le chant et celui qui l’accompagne se répondent. Le rond et l’oblique, le courbe et le droit vont se classer chacun dans la catégorie qui lui convient, et, telle est la loi de toutes choses, qu’elles subissent l’action (de la musique) suivant la nature qui leur est propre[1].
C’est pourquoi le sage revient aux bons sentiments fondamentaux afin de rendre sa volonté harmonieuse ; il compare les mérites respectifs afin de rendre sa conduite parfaite. Les sons désordonnés et les spectacles mauvais, il ne les laisse pas atteindre son ouïe et sa vue ; la musique débauchée et les rites corrompus, il ne les admet pas dans les affections de son cœur ; les influences de négligence et d’indifférence, de méchanceté et de perversité, il ne les reçoit pas dans sa personne ; il a soin que ses oreilles, ses yeux, son nez, sa bouche,
- ↑ Ce ne sont pas seulement les hommes, mais aussi les plantes, le vent, les nuages, en un mot tous les êtres, qui sont affectés par la musique. Et, comme la musique elle-même est bonne ou mauvaise suivant que le prince est vertueux ou pervers, c’est, en dernière analyse, du prince que vient l’ordre ou le désordre chez le peuple et dans tout l’univers,