C’est pourquoi les anciens rois instituèrent l’étude de la musique suivant les capacités des gens[1]. Ils multiplièrent les morceaux (de musique) ; ils en examinèrent avec soin les élégances ; et, de cette manière, ils réglementèrent la réalité de la vertu. Ils discernèrent (dans la musique) les proportions du petit et du grand ; ils firent une classification suivant l’ordre de ce qui est à la fin et de ce qui vient en premier ; et, de cette manière, ils symbolisèrent l’accomplissement des actes[2]. Ils firent donc que les relations normales entre le proche et l’éloigné, le noble et le vil, l’aîné et le plus jeune, l’homme et la femme, prirent toutes forme et figure dans la musique. C’est pourquoi on dit : La musique fait voir la profondeur (des émotions humaines).
Lorsqu’un sol est épuisé, les herbes et les arbres n’y poussent pas haut ; lorsqu’une eau est troublée, les poissons et les tortues n’y grandissent pas ; lorsque les influences (vitales) sont altérées, les êtres doués de vie ne prospèrent pas ; dans une époque de désordre, les rites tombent en désuétude et la musique se corrompt.
C’est pourquoi, (dans une pareille époque,) lorsque les sons musicaux sont tristes, ils le sont cependant sans dignité ; lorsqu’ils sont joyeux, ils ne causent cependant pas le calme. On s’abandonne et on se laisse aller (à la douleur) au point de violer les règles ; on se livre au plaisir et à la débauche au point d’oublier les devoirs fondamentaux. Cette musique est-elle d’inspiration large, elle pousse l’homme à tolérer le désordre ;
- ↑ Puisque la musique peut influer sur les cœurs des hommes, les anciens rois en instituent l’étude et font de la musique l’image de la vie vertueuse.
- ↑ A la phrase précédente, « la réalité de la vertu » désignait la vertu cachée dans le cœur de l’homme ; ici, « l’accomplissement des actes » désigne la vertu manifestée dans les actes de l’homme.